La Franc-Maçonnerie a son fondement essentiel dans la foi en une Puissance Suprême exprimée sous le nom de Grand Architecte de l’Univers. Ses principes se résument en ces deux maximes : « Connais-toi toi-même » et « Aime ton prochain comme toi-même ».
Un bref retour dans un passé lointain nous apprend que « Connais-toi toi-même » est une des devises offertes au dieu Apollon par les sept sages de la Grèce antique et inscrites au fronton du temple de Delphes.
Entrons dans la légende :
Après avoir construit le Temple de Délos, Apollon qui passe dans la région voit ce sanctuaire magnifiquement situé sur les flancs du Parnasse et abritant un oracle consacré à Thémis (déesse de la Justice, de la Loi et de l’Equité). Le sanctuaire est gardé par un serpent du nom de Python…Apollon tue Python avec son arc et s’approprie l’oracle afin de guider les hommes.
De Python ne subsiste que le nom donné à celle qui transmettait aux hommes la parole du dieu : La Pythie.
Quant à la ville de Delphes qui naît à proximité du sanctuaire, Homère nous apprend que son nom vient du Dauphin dont Apollon aurait pris la forme pour attirer les marins crétois chargés d’instaurer son culte sur le site.
Quelle que soit la réalité de sa naissance, la ville de Delphes baignait dans un climat de piété et d’effervescence intellectuelle permanent, la philosophie y était pratiquée et encouragée.
La présence de l’Oracle participait pleinement à en faire le lieu par excellence de la révélation à soi.
On y venait pour se dépouiller de ses masques sociaux, à l’image d’Apollon qui, en fondant la cité, dû se purifier du meurtre de Python.
Les Grecs de l’antiquité n’établissaient pas vraiment de différence entre le domaine religieux et le profane : chaque moment de la vie pouvait être rythmé par un rite plus ou moins formel, une prière, une pratique religieuse. La religion grecque de l’antiquité est difficile à concevoir pour notre époque, un peu moins pour un Franc-Maçon : pas d’adhésion profonde à un dogme, mais le simple respect des rites.
Quel crédit réel accordaient les Grecs à leurs pratiques religieuses? croyaient-ils en leurs mythes? en tout cas le respect des traditions, des divinités tutélaires de chaque cité, le stricte respect des rites et des règles de vie qui en découlaient ne souffraient pas de manquement sans que des peines sévères soient infligées, …ce n’est pas Socrate qui nous contredira.
Cette caractéristique permet de replacer les maximes offertes par les sept sages dans leur contexte : « connais-toi toi-même » (Gnothi Seauton) enseignait tant l’importance de l’autonomie dans la recherche de la vérité que celle de l’introspection. Elle cherchait à inciter le pèlerin non pas à mieux se connaître en tant qu’individu mais plutôt à se rappeler qu’il n’est qu’un homme et non un dieu… et donc de prendre conscience de sa propre mesure, de la nécessité d’être vrai, de sortir de ses illusions et de tout à priori sur soi-même, de se dépouiller du vieil homme pour revêtir l’habit de l’homme nouveau, d’accepter de mourir pour renaître, pour passer de la matière à l’esprit, de l’équerre au compas, de la pesanteur à la grâce.
Soit humble : c’est la leçon de Gnothi Seauton, c’est la sagesse qui nous tend la main, c’est l’exigence de notre Loge.
Dans ce travail de tous les jours à effectuer sur nous-même soyons capables de nous regarder dans le miroir que sont nos frères et demandons-nous : Où est cette lumière qui était en moi lorsque je suis venu au monde ? Est-elle toujours là ? A peine recouverte ou profondément enfouie ? Qu’importe ! Courage, elle est là c’est ce qui compte, le reste n’est que temps, sueur… et humilité…Humilité qui nous permettra enfin de nous oublier en tant qu’individus, de nous donner aux autres à travers l’amour fraternel, et de tenir notre obligation : « Je promets d’aimer mes frères, et de les secourir selon mes facultés… »
Car notre capacité à rencontrer l'autre est liée à notre capacité à nous rencontrer nous-mêmes.
Nous sommes des êtres humains, c’est à dire que nous ne savons pas vraiment ce que nous sommes, l’Humanité est une question indéfinissable car toujours en mouvement, toujours en évolution et, nous l’espérons sincèrement, toujours en progrès. Nous tirons quotidiennement profit de notre expérience, de nos erreurs, de notre audace, ainsi « Connais-toi toi-même » n’a pas de fin si ce n’est celle de l’Humanité elle-même, car en définitive ce n’est pas simplement au pèlerin en particulier qu’est destinée cette maxime, mais à l’Homme dans sa nature qui s’impose à nous comme elle s’est imposée à tous ceux qui nous ont précédé et comme elle s’imposera à tous ceux qui nous suivront, charge à nous de participer pleinement à son amélioration : c’est notre vocation de Franc-Maçon, ce doit être notre vocation d’Homme.
Pour conclure, moins d’arrogance, moins d’égoïsme, plus d’écoute, plus de compassion, plus d’amour, faisons de notre mieux au jour le jour…
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